La société et nous

Publié le par Charles Martel

Mes frères,

Dans sa lettre à tous les frères, véritable plaidoyer pro-domo, le Grand Maître nous invite à être « des maçons dans la Cité avec la même éthique que dans nos loges ».

Cette invitation m’étonne. N’est-ce pas ce que nous faisons déjà lorsque nous nous souvenons que nous achevons au dehors l’œuvre commencée dans le Temple ? N’est-ce pas ce que nous essayons de vivre au quotidien pour que rentrés dans le monde on reconnaisse toujours à leur sagesse les vrais enfants de la Lumière ? Comme maçon et comme citoyen, chaque frère contribue au progrès et au bien-être de la famille humaine en général et de chaque homme individuellement. Mais le travail sociétal de la franc-maçonnerie de tradition s’arrête là, à la responsabilité individuelle de chaque frère, homme libre et de bonnes mœurs.

Nous devons être de et dans notre siècle nous propose le Grand Maître, contribuer aux idées et aux solutions nous dit-il. Ce serait même à cela, à en croire le titre de l’article, que serviraient les francs maçons. Et bien, je soulève ici deux objections, l’une mineure, l’autre majeure.

La mineure d’abord. Pourquoi faudrait-il céder aux sirènes du débat d’idées profane ? Pourquoi faudrait-il être, sur ce point, de son temps alors que l’Ordre et la Tradition nous enseigne à nous élever vers ce qui demeure ? Pourquoi faudrait-il s’inscrire dans la société du spectacle ?

La majeure ensuite. Si la GLNF se met à s’exprimer sur les « grands problèmes de société », si elle se pique de conseiller les puissants, qui va parler pour nous tous ? Notre Grand Maître ? Il s’est autorisé à le faire. Nous a-t-il demandé notre avis ? Sur quel corpus maçonnique s’est-il appuyé ? A t-il mis au programme de travail des loges telle ou telle question profane, pardon sociale ? Non, mes frères, il ne le peut pas sans changer profondément le visage de notre obédience. Alors il s’est arrogé le droit de s’exprimer seul, aidé d’un cabinet de hauts fonctionnaires (!), « pour faire émerger nos valeurs dans le monde profane » nous dit-il. Je serais curieux de l’entendre s’exprimer par le menu sur la traduction de ces valeurs dans le débat actuel sur l’identité !

Je recommande à notre Grand Maître de lire Parménide. Il y apprendrait à distinguer l’Alethéia, des opinions humaines qui sont en dehors de la vraie certitude…

 

Silence Dogood

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
<br /> Débat sur l’identité…<br /> L’identité individuelle est enfuie dans notre inconscient familiale qui, souvent, émerge à la suite d’un deuil.<br /> L’identité nationale fait partie de l’inconscient collectif d’une nation. Elle refait aussi surface si un événement mortifère la suscite.<br /> Qu’en est-il de l’identité maçonnique en générale et de l’identité des maçons qui ont reçu la « Lumière » dans un Temple de la G.L.N.F. à qui on a dit « qu’on ne les abandonnerait pas, aussi<br /> longtemps que la vérité, la justice, la discrétion et l’amour fraternel leur resteront sacré » ? Cette identité fait partie aussi de l’inconscient collectif de la grande famille de la G.L.N.F.<br /> Il me semble qu’aujourd’hui nous sommes en pleine crise d’identité (ce doit être à la mode) mais sans doute que les mêmes causes produisent les mêmes effets.<br /> Il est peut-être temps de se reposer la question sur notre identité maçonnique propre à notre Obédience. Elle a besoin de se raffermir, il faut la faire sortir de notre inconscient collectif pour<br /> se la réapproprier à la lumière de la Tradition et l’adapter à notre temps. Ce ne peut être l’œuvre d’un seul homme, même conseillé par un cabinet fantôme hétéroclite et hétérogène, qui s’assoit<br /> sur la « Règle en douze points ».<br /> La G.L.N.F. est en crise… c’est que notre inconscient refait surface, nous pose question, à nous dans le cadre de l’Obédience d’y répondre.<br /> Y aura-t-il quelqu’un ou quelques un en haut de la hiérarchie pour le comprendre et fédérer cette aspiration et chasser « les marchants du Temple »?<br /> <br /> <br />
Répondre